Histoire
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Découvrez le château de Maisons, l'une des plus belles maisons de plaisance construite dans la première moitié du XVIIe siècle, idéalement situé entre la forêt de Saint-Germain-en-Laye et la Seine. François Mansart signe un chef-d'œuvre qui incarne la transition entre la Renaissance et l'architecture classique.
En 1633, René de Longueil (1597-1677), haut magistrat au parlement de Paris, décide de faire construire un château digne de son rang sur le vaste domaine familial situé à Maisons-sur-Seine (aujourd’hui Maisons-Laffitte). Ce château, résidence de villégiature, s’inscrit dans une stratégie d’élévation familiale et doit être suffisamment fastueux pour accueillir le roi, proche voisin, de l’autre côté de la forêt de Saint-Germain-en-Laye !
© Reproduction Thomas Thibaut / CMN
René de Longueil confie l’édification du château à François Mansart (1598 – 1666), un architecte de grande renommée qui travaille pour la haute noblesse de robe et d’épée depuis les années 1620. Pour cette construction, il dispose de moyens considérables et réalise les plans et élévations des façades, les tracés des charpentes, les balustres d’escaliers, les ferronneries, le dessin général des compositions sculptées, s’attachant à créer un chef-d’œuvre d’équilibre architectural.
© Caroline Rose / Centre des monuments nationaux
C’est également François Mansart qui conçoit l’aménagement du vaste domaine de 500 hectares encadrant le château, aujourd’hui disparu ; la symétrie guide sa création. La perspective axiale, depuis la forêt de Saint-Germain, au nord, jusqu’au territoire de Sartrouville, au sud au-delà de la Seine, traverse le château surélevé, encadré de douves sèches. De vastes écuries et une orangerie agrémentent le parc. Bassins, jets d’eau, sculptures, jardins ornementaux et utilitaires, ainsi qu’une forêt de chasse, complètent la composition, dont les parterres de tulipes, les orangers et les citronniers témoignent de la richesse considérable de son propriétaire.
© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux
Le château et ses jardins furent visités dès leur achèvement par Louis XIV et la cour. À sa première visite, le 20 avril 1651, le jeune roi n’a que 13 ans, il reviendra deux fois, en 1662 puis en 1671. Célébré par Charles Perrault comme « l’une des plus belles choses que nous ayons en France », le château et le parc sont le théâtre de grandes fêtes, en présence de la famille royale et seront embellis par les descendants de René de Longueil. Sous Claude de Longueil (1668-1715), le château devient un lieu de promenade pour la cour tandis que son fils, Jean-René (1699-1731), quatrième marquis de Maisons, féru de sciences et de lettres, y accueille le jeune Voltaire dont il est l’un des protecteurs.
© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux
C’est le frère de Louis XVI et futur Charles X qui achète le château de Maisons en 1777, pour y recevoir et s’adonner à la chasse. Le comte d’Artois (1757-1836) confie les travaux d’embellissement à François-Joseph Bélanger. Mais ils ne seront jamais achevés car en juillet 1789, le prince quitte la France et en 1791, des scellés sont apposés sur le château qui passera cette période de troubles sans autres dégâts notables que la vente de l’ensemble du mobilier !
© Reproduction Philippe Berthé / CMN
En 1804, un militaire proche de Napoléon Bonaparte, le maréchal Lannes (1769-1809), acquiert le château auprès de Jean Lanchère de la Glandière qui depuis 1797 en assurait la conservation. Gisors, l’architecte attitré de Lannes, œuvre à la remise en état et à la modernisation du château, principalement l’aile droite. Lannes crée un haras de 32 chevaux et reprend l’exploitation du domaine. Après le décès du maréchal lors de la bataille d’Essling, le 31 mai 1809, sa veuve, la duchesse de Montebello, parvient à conserver le domaine jusqu’en 1818, où elle le cède à Jacques Laffitte.
© Jean-Luc Paillé / Centre des monuments nationaux
En 1818, le banquier Jacques Laffitte (1767-1844) choisit le château de Maisons comme demeure de villégiature, témoignant ainsi avec éclat de sa réussite sociale. Financier, homme politique influent, Laffitte se sert de ce cadre somptueux pour y organiser réceptions mondaines et réunions politiques. Mais il transforme durablement le domaine car en 1833, menacé de faillite, il échafaude un projet immobilier d’envergure consistant à vendre et à lotir les 2/3 du parc, et à détruire les magnifiques écuries qui serviront de matériau de construction ! La colonie Laffitte prospère et, plus tard, Maisons-sur-Seine deviendra Maisons-Laffitte.
© Reproduction Jean-Luc Paillé / CMN
Le dernier propriétaire privé du château, Wilhelm Tilman Grommé (1836-1900), rachète le domaine à l’assureur Charles-Xavier Thomas de Colmar (1785-1870) en 1877. Ce peintre russe, amateur d’art et de patrimoine est convaincu que les artistes mieux que quiconque sont en mesure d’apprécier ce chef d’œuvre de Mansart, joyau de sa collection. Pendant l’été 1882, il convie des amis peintres finlandais à travailler en toute liberté au château. Cette petite colonie d’artistes nordiques contribue à la notoriété des lieux en Finlande. Grommé lègue ses collections d’art à la ville de Viborg (alors en Finlande, aujourd’hui en Russie), laissant le soin à ses héritiers de vendre le château. Au tournant du siècle, débute une nouvelle histoire…
© Reproduction Philippe Berthé / CMN
En 1900 la succession de Wilhelm Tilman Grommé ne se passe pas comme prévu, le château se trouvant menacé de destruction par un promoteur immobilier. Une importante mobilisation locale, qui donnera naissance à la société des Amis du château de Maisons en 1909, conduit l’État à sauver le château en l’acquérant en 1905. Il sera classé au titre des Monuments historiques le 18 avril 1914, ce qui le met définitivement à l’abri.
© David Bordes / Centre des monuments nationaux
C’est sous la protection du musée du Louvre que le château ouvre au public en 1912, comme annexe du département des sculptures. En juillet 1914, il est rattaché à la toute nouvelle Caisse nationale des monuments historiques et préhistoriques, ancêtre du Centre des monuments nationaux. Jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale le château fait l’objet de diverses campagnes de restauration, il est remeublé et accueille des expositions.
© David Bordes / Centre des monuments nationaux
Après la Seconde Guerre mondiale la restauration du château et de son domaine peuvent se poursuivre. D’importants travaux pour reconstituer le grand parterre sont conduits de 1955 à 1967. Sous 15 000 mètres cubes de terre les axes forts du parc historique sont redécouverts : les soubassements de la terrasse côté Seine, les escaliers, les salles de fraicheur ainsi que le bassin !
© David Bordes / Centre des monuments nationaux
Depuis septembre 2016, année du 350e anniversaire du décès de François Mansart, une nouvelle campagne de restauration du château et de ses abords est conduite. Elle porte sur la cour d’honneur incluant la façade, la grille et le portail du XVIIIe siècle et comprend le réaménagement des jardins. Le château retrouve peu à peu son lustre d’antan !
Ouvert au public, le château propose tout au long de l’année des visites, ludiques pour des découvertes en famille, patrimoniales pour percer les secrets de plus 350 ans d’histoire, des expositions ou encore des spectacles et des conférences. Pour tout savoir, rendez-vous sur notre agenda !
© David Bordes / Centre des monuments nationaux