Histoire

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L'hippisme au château de Maisons

Le château de Maisons et le cheval, c'est une longue histoire ! En 1657, six ans après l'achèvement du château de Maisons, le bâtiment du manège et les écuries sont construits. Somptueux, le domaine est à la hauteur du rang de René de Longueuil, le propriétaire du château, nommé marquis par le Roi-Soleil en 1658.

Un animal marqueur de rang social

Il faut dire qu’en ces temps-là, le cheval est omniprésent dans la société française, servant à la fois pour la chasse, pour les transports, pour les spectacles, pour les travaux agricoles, ou même pour la guerre.

Il est donc indispensable pour un grand seigneur tel que Longueuil d’avoir un bâtiment à la mesure de l’importance du cheval, le sien abritant quatre sortes d’écuries : pour les chevaux de carrosse, les chevaux de selle, les chevaux malades et les chevaux des visiteurs. En outre, on y trouvait un manège, les logements des palefreniers, une sellerie, une remise de carrosse et des pièces de services.

Idéalement situé dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye, le château de Maisons est un lieu favorable pour la chasse, activité exclusivement réservée au roi et à la noblesse et pratiquée à cheval. René de Longueuil est capitaine et gouverneur de Saint-Germain et Versailles depuis 1645, charge importante qui lui incombe de garder le (l’un des) château du roi en son absence, mais qui lui donne aussi le droit de chasser sur les terres royales. Les écuries deviennent donc d’autant plus indispensables.

Ancienne affiche de course de chevaux

©BNF Gallica

La naissance des courses au château de Maisons

En 1777, le Comte d’Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X, achète le château et les domaines de Maisons en raison de la beauté et de la grandeur des écuries. Rapidement, le Comte d’Artois met les courses à la mode en les organisant sur les prairies du bord de la Seine.

Cet anglophile passionné de jeu n’a pas pu passer à côté du centre historique britannique de la course à plat : Newmarket. Cette ville a accueilli dès 1605, à l’initiative du roi Jacques Ier, son premier hippodrome. Elle est encore aujourd’hui la plus importante force d’entraînement du monde hippique britannique. Ce n’est pas sans raison que Maisons-Laffitte y est jumelée.

Le Comte fait loger ses chevaux de course une partie de l’année à Maisons, dont ses chevaux anglais. Cette race est très prisée par les nobles férus de courses : le Pur-Sang Anglais est le fruit du travail d’éleveurs britanniques, qui mirent au point sur plusieurs siècles, cette race caractérisée par la frugalité, l’endurance et bien entendu, la vitesse.

Par souci d’autonomie et d’économie, le futur roi Charles X acquiert un haras à Maisons, pour constituer son propre élevage de chevaux de courses. Le projet cesse en 1784, au bout de sept ans, faute de moyens.

Pesée d'une femme jockey avant la course

©BNF Gallica

Maisons-sur-Seine, future Maisons-Laffitte

Le banquier et homme politique Jacques Laffitte devient propriétaire du château en 1818. Son ambition n’est rien moins que de faire de Maisons « la cité du cheval » et « y fixer toutes les courses ».

Tout commence en 1834, lorsque Jacques Laffitte, alors en grande difficulté financière, morcelle le parc du château en parcelles de terrains à vendre. Il n’hésite pas à détruire les écuries pour vendre les matériaux aux constructeurs. Mais paradoxalement, il comprend que les courses renforceraient l’attractivité de son opération immobilière : les prairies mansonniennes ont déjà prouvé leur aptitude à accueillir de tels événements, de surcroît grâce au roi Charles X, dont la passion des courses a infusé dans la société.

Jacques Laffitte s’inspire donc du modèle de Newmarket pour créer une véritable cité du cheval, en dotant le parc d’un hippodrome, en attirant à Maisons des réunions de courses et en créant des grands prix. Dans les faits, quelques courses sont organisées à Maisons-sur-Seine par ses proches, sincèrement intéressés par l’hippisme, mais l’homme d’affaires ne connaîtra pas de son vivant l’essor véritable de la cité du cheval.

Odette Dewarwin caricaturée par Harry La Montagne

©HarryLaMontagne

L'avènement de la cité du cheval

Le champ de course est inauguré en 1878 par Joseph Oller et figure un programme de quatre courses, ensuite enrichis d’autres prix prestigieux. Un centre d’entraînement est ouvert, en même temps que sont érigées de nombreuses écuries, au sein du Parc. Le train direct depuis la gare Saint-Lazare, la popularité de Maisons-Laffitte comme lieu de villégiature de la haute bourgeoisie parisienne, ou la piste agrandie à plus de 2000 mètres faisant d’elle la plus longue d’Europe, sont autant d’éléments qui expliquent le succès de l’hippodrome jusqu’à la fin des années 1950. Ainsi, en 1900, le Président de la République, Emile Loubet, assiste à une course ; six ans plus tard, les tribunes et le paddock sont agrandis et embellis.

C’est au sortir de la Seconde Guerre mondiale que l’hippodrome de Maisons-Laffitte entame son déclin, au profit de celui de Chantilly, et est fermé en 2020, par France Galop. Mais, encore aujourd’hui, par une étroite coopération entre l’Association Syndicale du Parc, la Société sportive d’encouragement, la Société des Steeple-chases de France et France Galop, une politique de préservation et de développement des infrastructures est menée. Le centre d’entraînement de Maisons-Laffitte, avec ses 55 hectares, continue de fonctionner et peut se targuer de perpétuer la tradition hippique de Maisons-Laffitte.

Vu de parieurs d'un champ de courses à Maisons-Laffitte